"Tout citoyen est compétent"

Edgar Morin est intervenu – en visio – le 26 septembre devant les 100 membres de la Convention citoyenne Occitanie. Le sociologue et philosophe a touché les participant.e.s par son message résolument optimisme et par ses encouragements à poursuivre ces démarches de démocratie participative. En voici quelques extraits.

« Tout citoyen est compétent pour des questions d’intérêts collectifs, ou s’il n’est pas compétent, il doit essayer d’être compétent et de participer à la vie collective (…) Je suis partisan de compléter la démocratie représentative par une démocratie participative. Les avis doivent être pris au sérieux (par les autorités gouvernementales ou régionales).

« L’intelligence collective n’est pas la somme des intelligences individuelles »

Notre démocratie représentative est insuffisante, elle connait des carences. Pourquoi ? Parce que beaucoup de partis se sont sclérosés et décomposés. Dans le fond, il y a une vacuité de pensée politique au sein du monde parlementaire et les gouvernants planent au-dessus de la vie quotidienne sans avoir conscience de la vie du citoyen dit normal. (…) La vraie crise est malheureusement universelle. Il convient de traduire ces aspirations, les hiérarchiser et les mettre en ordre pour une formulation politique.

Le cadre de la démocratie participative est le cadre où se créer l’intelligence collective par l’échange et notre éducation des uns et des autres. L’intelligence collective n’est pas la somme des intelligences individuelles mais le produit synthétique de leur combinaison.

« Il faut concilier l’esprit et le cœur »

Notre système d’éducation normale ne donne pas assez d’éléments aux esprits pour affronter la complexité du monde, ses interactions (…). L’un de mes projets à l’Université de Montpellier est de constituer une sorte d’université populaire où l’on enseigne un bagage pour que chaque citoyen soit embarqué.

Le cœur : actuellement, nous sommes gouvernés par des chiffres, par des PIB et le calcul de la croissance. Mais il ne connait jamais la vie humaine, ni l’amour ni la peur ni la haine ni tout ce qui nous fait vivre. Le mot de calcul est une rationalité froide et insuffisante. La rationalité ne se réduit pas au calcul. (…) Depuis des dizaines d’années, la politique s’est mise à la remorque d’une économie dominante, comme si le profit allait régler tous les problèmes. Il y a un adage qui dit que plus les riches seront riches, plus l’argent ruissellera. Mais non, la politique s’est dégradée en économie. La politique manque de cœur (…). Il faut savoir concilier l’esprit et le cœur (…) car la politique du cœur est celle qui compose.

« Poursuivre la désintoxication des villes »

Parmi les grandes décisions à prendre : on doit poursuivre la désintoxication des villes qui sont polluées et développer leurs transports publics propres pour le bien-être des habitants, l’agriculture biologique, l’alimentation de proximité… Cette intoxication est responsable de la mort des villages car les bistrots ont disparu, l’épicier a disparu, il faut redonner vie à ces villages, remettre les bureaux de poste là où ils ont été supprimés. Il faut revitaliser les villages et les bourgs. Tout ceci s’inscrit dans une régénération politique.

Si l’Occitanie se met à l’avant-garde de ce projet, je serai très heureux et malgré mes forces, j’y apporterai mon concours.

« Faire du doute un pari »

 La solidarité dort malheureusement trop souvent mais quand arrive le défi, elle se réveille (…). Ce n’est pas parce qu’on est devant une tâche immense qu’il faut renoncer, au contraire, il faut se lancer ! Toute décision dans la vie est un pari, et la question est de parier pour les forces bénéfiques. Il faut transformer le doute en parti. Toute décision dans la vie est un pari. La question est de parier pour les forces bénéfiques et non pour les forces de destruction et les conflits ».

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